Etymologie
Casenoves signifie « Les maisons neuves » en catalan. Ceci fait référence au fait que le village a été créé par regroupement de familles autour de son église plus tard qu’Ille sur Têt, sa proche voisine.
Casesnoves est un hameau d’Ille sur Têt, sur la rive Nord de la rivière. Il apparaît sous le vocable de son église d’origine romane, donc aux alentours du XIe siècle.
Il s’agissait d’une église modeste à nef unique, couverte d’un berceau en plein cintre. Son abside est de forme semi-circulaire. Elle fut construite en galets et en moellons grossièrement équarris. Le chevet a des décors en forme d’arcatures aveugles. Sa partie basse est décorée de croix blanches, indiquant les sépultures d’un cimetière existant tout autour de l’église.
Des premières transformations eurent lieu au XIIIe ou au XIVe siècle. La nef fut allongée vers l’Ouest, puis on ajouta une chapelle sur le mur Nord. La porte méridionale fut condamnée et remplacée par un portail encore utilisé de nos jours. L’église possède un clocher-mur datant de la même époque sur la façade occidentale.
L’ancien hameau de Casenoves, sur la rive gauche »
L’édifice contenait initialement des peintures murales très importantes, mais durant le XXe siècle elles furent arrachées et vendues. En 1994 elles purent être rachetées et à présent elles sont visibles dans l’hospice d’Ille. Elles représentent l’histoire du salut, un thème récurrent dans la chrétienneté.
Véritable village durant le Moyen-âge, Casenoves était protégé par une enceinte fortifiée qui fut construite pour se prémunir des attaques extérieures. Ce fait indique que le village avait une certaine importance. De nos jours il reste encore des ruines du village et de ses remparts, mais le site vaut surtout le coup d’être vu pour la chapelle et une tour carrée imposante, toutes deux restaurées. Le village lui-même fut brutalement abandonné en 1561.
Poème sur Casenoves, par Jean-Sébastien Pons
Le célèbre poète catalan Jean-Sébastien Pons était friant de balades à Casenoves. Il a écrit pour cet ancien village un poème de toute beauté que voici.
J’ai fait de Casenoves ma promenade favorite.
Nul paysage ne m’est plus cher que celui de ce village en ruines, de cette tour carrée, le long des falaises de la Tet.
Je l’ai visité bien souvent, et de préférence à l’arrière-saison, ou par les premières journées de janvier. C’est qu’alors on y goûte mieux la beauté du ciel.
Il y a des bleus froids, ce ciel, et au crépuscule des soies orangées y frissonnent sur le Canigou mauve.
Et cette beauté que l’on goûte, on la sent insaisissable, aérienne et dorée dans la tiédeur de l’heure.
On aime les jeux du Soleil sur les oliviers, qui, jusqu’à la rivière, descendent comme une draperie, du haut des pins tutélaires et bruissants.
Le soir fraichit. Les pierres sont froides. Les mirages du crépuscule commencent à pâlir.
Les voix de la rivière ont des sonorités plus sourdes. On pense alors à la nuit glaciale, aux ombres et aux légendes de la montagne.
Je ferme mon livre et m’achemine.
J.S. Pons